L'Histoire du Lieu

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Au XVIIème siècle
En 1663 Alexandre Simon Bollé, marquis depuis 1651, achète la seigneurie de Champlay. Jules Louis Bollé, son fils, en hérite ensuite.

La légende raconte que le château  de champlay serait un cadeau royal : Louis XIV, roi-soleil,  récompensa le marquis de Champlay, de ses bons et loyaux services sur les campagnes militaires en lui offrant.

En 1690 ou 1691, le roi Louis XIV fait restaurer à neuf un ancien château pour Louis Jules Bollé, son conseiller secret, chef d'état major et premier cartographe militaire. 

Le marquis de Champlay était considéré comme stratège militaire et quasiment ministre de la guerre après la mort de Louvois.
On prétend que les jardins en furent dessinés par Le Nôtre.

L'historien Jean-Philippe Cénat a consacré un livre à ce statège secret de Louis XIV.

 "Instrument de la diplomatie secrète, historien officiel, rédacteur de plans de campagnes et de plans de réformes militaires et fiscales, Chamlay fut, davantage encore que Vauban, un des grands inspirateurs occultes de la politique de Louis XIV."
Au XVIIIème siècle
Le marquis de Champlay, Jules Louis Bollé, décède à Bourbon l'Archambault le 21 juin 1719, sans descendant. Son coeur est transporté à Champlay et repose dans la chapelle du village.

Le 28 octobre 1719, la Duchesse du Maine est assignée à résidence au château de Champlay, vacant depuis juin, ce sera la dernière étape de son exil après le complot contre le régent, le duc d'Orléans.

D'après des descriptions, le château était composé d'un corps de logis avec de deux ailes, le tout en forme de U. Les grandes fenêtres, encadrées de briques et pierres, éclairaient une enfilade de galeries et des chambres.
le château aujourd'hui disparu
Gravure de 1839 représentant l’ancien château de Champlay, avec son colombier sur la gauche. La gravure originale est conservée à la bibliothèque de Joigny.

Le pigeonnier est représenté avec un étage de plus !

Le château est représenté par des documents d'époques différentes mais qui ne concordent pas entre eux ni sur la forme ni sur l'emplacement. La gravure de 1839 révèle une majestueuse construction composée d'un vaste corps de logis à un étage flanqué de deux ailes. Un appareil bicolore de briques roses et de pierres blanches, en harmonie avec le colombier et la ferme, orne la construction. La symétrie qui ordonne l'ensemble est caractéristique du style louis-quatorzien. 

Devant le château, un jardin à la française pour l'agrément, de taille relativement réduite.

Plan du jardin en 1782
Gravure représentant l’ancien château de Champlay, avec son colombier et ses terres autour du domaine.

La légende de la gravure nous indique qu'il y avait différents parcs dont un à la française, des jardins et des vergers, des pièces d'eau (appelées le Miroir), des canaux et un moulin. Celui-ci existe toujours, bien qu'un incendie l'ait ravagé en 1904.

Le plan de 1782 situe sur trois des côtés du château les parties productives : un verger planté de fruitiers (pommiers, poiriers, noisetiers…) entoure un étang poissonneux que le propriétaire projetait de relier à l'Yonne par un canal.

L'étang a été comblé sur la demande des agriculteurs qui se plaignaient qu'il occasionne des brouillards givrants dommageable à leurs culture.

De l'autre côté de l'étang de l'étang, il y avait une glacière qui servait à fabriquer des sorbets et conserver la glace de l'hiver. Elle devait être partiellement enterrée et son entrée est toujours là. Il pourrait être interessant de la restaurer comme élément historique et patrimonial de Champlay. 

Nous ne disposons pas de précision sur la surface du domaine mais elle devait être étendue car elle s'étendait, au-delà de Champlay, sur 8 ou 10 bourgs jusqu'à la châtellenie de La Ferté-Loupière.
Les conseils de Vauban en 1700
Le maitre du logis suivit les conseils de son ami, le maréchal Vauban, venu le visiter en mai 1700, et préféra les plantations productives pour developper le potentiel économique. 
Il s'intéressa tout particulièrement à l'étang et au jardin. Il conseilla tout d'abord de creuser un canal entre l'étang et l'Yonne, ce qui permettrait d'exporter facilement par voie d'eau les surplus agricoles du domaine notamment vers Paris : blés, avoines, fruits, poissons, vins, noix... (non-réalisé)
En outre, l'eau de l'étang pourrait servir à actionner un deuxième moulin dont Vauban recommandait la construction. (non-réalisé)

Pour le parc, la première des choses à faire était de le fermer par un mur de maçonnerie (des traces de celui-ci existent encore). Un mécanisme d'arrosage ne serait pas souhaitable, car trop coûteux. En revanche, rien ne serait plus profitable que de planter des arbres fruitiers de toutes sorte (pommiers, poiriers, noisetiers……), pour faire du jardin une «petite Lombardie qui auroit son utilité et sa beauté ». (nous avons repris ces conseils en 2011 en créant des vergers de variétés anciennes de fruitiers plutôt que de créer un parc d'agrément)

« Je vous conseille de ne le pas négliger et d'envoyer au diable tous les épicéas, les ormes et maronniers d'Indes, qui coûtent beaucoup et ne produisent rien et en un mot, tous les colifichets de jardiniers de cour qui tous n'ont de raport qu'au goût gasté des courtisans. Allons au solide, vous y trouverez de l'agréament de plus d'une façon ».

Il est certain que l'étang rapportait des revenus importants
à son propriétaire, environ la moitié des revenus de cette seigneurie. Notamment grâce au développement de la pisciculture et l'élevage de truites.
Les jardins du marquis à Paris
Cette gravure représente les jardins du marquis à Paris rue du Colombier. 

On remarquera les caractéristiques du jardin à la française de l'époque de Le Nôtre, avec ses formes régulières, ses perspectives, ses parterres de broderies en arabesque, formés de compartiments délimités par des végétaux taillés bas et les treillis en bois. 

Elle illustre bien la richesse du marquis de Chamlay à l'époque,  
De 1781 à 1821
1781 : propriétaire M.Tourdonnet

1791 : acquisition par Henry Marie Alexandre FOACIER de la terre et du château de Champlay. FOACIER est conseiller du roi et ancien receveur général des Fermes générales.

1820 : le 19 juin : rachat du domaine de Champlay par la société de commerce JAVAL Frères et SCHLUMBERGER, banquiers à Paris. Activités de négociants : ils démantèlent aussitôt la propriété pour la vendre par morceau, en gardant un temps pour eux le château.

Le 13 décembre : vente de la ferme du château par JAVAL frères et SCHLUMERGER à Casimir PERIER (député et banquier) et Claude BARRY, (marchant de bois, citoyen le plus imposé de Joigny en 1820) qui l’achètent en indivision avec le jardin, la terrasse, des prés et terres pour environ 84 ha, au prix de 80 000 Francs.
De 1822 à 1831
1822 : L’ancien château de Champlay a été démonté pierre par pierre à partir de 1822 pour servir de matériaux de construction pour les maisons aux alentours.

La ferme a survécu car elle était toujours exploitée. Elle est louée au couple Denis PAILLOT et Edmée DANGUY par Claude BARRY et Casimir PERIER  (bail de 9 ans, fermage de 7650 F par an.)
20 décembre : vente par Claude BARRY de sa part des biens de Champlay à Casimir PERIER.

1826 : 4 août : vente de la ferme par Casimir PERIER à Alexis Etienne Constance Colinet DUVALDREUX (soldat à la retraite ; commissaire-priseur à Joigny. Chevalier de la légion d’honneur, capitaine d’état-major) et sa femme Madelaine Joséphine BAUDRY. Prix : 21 000 Francs, payable en 4 versements annuels, avec intérêt de 5 %. Le fermier Denis Paillot exploitera la ferme.

1827 : le parc et les jardins furent détruits à leur tour.

1831 : fin du bail de Denis PAILLOT à la ferme du château, qui achètera ensuite la ferme de la Colombine.
inventaire en 1826
Inventaire préalable à la vente de la ferme du château
Trois corps de bâtiments, composé de chambres, écuries, greniers, granges, cour et colombier.
Environ 53 hectares de prés, parcterre et vigne, un jardin potager clos entouré de murs

Maison :
- 1 chambre éclairée par une croisée, donnant sur la cour
- 1 petit cabinet à côté de cette chambre
- 1 autre chambre, éclairée par une croisée, donnant sur la cour
- 1 autre petite chambre servant de laiterie
- 1 autre petite chambre à côté de cette laiterie
- 1 fournil
- 1 corridor
- 1 petite chambre au 1er étage (dans la partie courbe)
- 1 autre chambre à côté éclairée par une croisée donnant sur la cour

Soit une maison comptant 4 chambres au rez-de-chaussée, dont une avec un cabinet, et une servant de laiterie, l’ensemble desservi par un corridor ; un fournil également au rez-de-chaussée. 

A l’étage, 2 chambres. La 1ère chambre avec cabinet a une cheminée équipée (qui a disparue aujourd'hui), et semble être la salle de vie, avec un lit.
Cadastre napoléonien établit en 1825 (le colombier est le petit rond en bas sur la gauche du plan). On distingue à droite le château avec ses 3 parties en U
Cadastre napoléonien établit en 1825 (le colombier est le petit rond)
Inventaire de 1826
C’est une ferme prospère avec une  écurie, une bergerie et quatre étables :

Ecurie aux chevaux :
1 âne gris âgé de 6 ans, 1 petit âne gris âgé d’un an, 12 chevaux. Le lit du charretier (paillasse, 3 draps, 1 couverture, le tout en très mauvais état). Le lit du domestique (paillasse, 2 draps, 1 couverture, le tout en très mauvais état).
Estimation d’ensemble : 2490.25 F (dont 2311 F pour le bétail)

Bergerie avec 200 moutons

4 écuries aux vaches :
- 1ère écurie aux vaches avec 1 petite jument de 3 ans et 3 vaches de 3-4 ans
- 2e écurie avec 3 vaches et 5 jeunes vaches ou taure
- 3e écurie avec 2 vaches - une de 3 ans, l’autre très âgée
- 4e écurie avec 9 vaches de 3 et 4 ans, 1 jeune vache, 1 taureau de 3 ans

Total des animaux  dans la bergerie et les écuries.  : 2 ânes, 13 chevaux, 200 moutons, 23 vaches et 1 taureau.
Estimation d’ensemble : 3137 F

Bâtiments de ferme  avec granges, 1 colombier, 1 vinée, des greniers au-dessus de tous ces bâtiments: 
1 colombier, 2 granges, cour, 2e cour, en face des chambres, 1 grande vinée (la pièce semi-enterrée à droiite de la grange diu fond) avec son grenier au-dessus, 1 bâtiment appelé le pressoir avec son grenier, 1 terrasse avec 1 grande cave sous la terrasse (mais où donc ?), la terrasse de l’ancien château.

Merci à Thomas Vincent pour cet inventaire trouvé lors de ses recherches historiques.
Carte postale de 1905
Le bâtiment de gauche (une écurie ?) n’existe plus aujourd’hui. Il a été démoli après guerre. Il fermait la cour de ferme côté Est.

Nous avons rencontré le monsieur qui avait évacué les pierres avec un âne quand il avait 17 ans, en 1947.

La taille imposante du colombier laisse deviner l'importance du domaine dont il fait partie. Avec la ferme qui l'entoure, ce sont les seuls restes d'un vaste ensemble qui comprenait un château et plusieurs dépendances.
En 1905, photo de la basse-cour
On distingue sur la droite le puits, toujours en activité aujourd'hui.

A droite, un portillon menait à un potager protégé des animaux de basse-cour par un mur.
Des clapiers à lapins y étaient adossés, dont il ne reste plus trace.

Vraisemblablement, des arbres fruitiers étaient plantés au-delà de la cloture.
Carte postale ancienne
La vue depuis les champs en entrant dans le village. 

L'annotation portée sur la carte postale indique : "j'ai travaillé plusieurs jours dans cette ferme". 

Cette carte postale est précieuse pour nous car elle nous a appris qu'il existait une lucarne d'envol pour les pigeons côté Sud sur la toiture du colombier. Celle-ci a aujourd'hui disparu et il ne reste que la lucarne côté nord.

Une campagne de restauration pourrait être intéressante afin de recréer la lucarne démolie.
Vue aérienne de Champlay en 1950.
Le Colombier est à gauche de l'image. 

Cette carte postale nous a permis, en l'examinant à la loupe, de noter qu'en 1950 les fenêtres de la partie à droite était avec des petits carreaux. 
On remarque aussi que les bâtiments ont l'air d'être en travaux.

Au 20ème siècle, la ferme du colombier appartient à un chanteur et danseur à l’Opéra de Paris, André René Levée dit Michel Tavaroff, et à sa femme Irène Paule Louisa Lavello. Ils l’ont surnommée le manoir d’Itaubanck. Michel Tvaroff a commencé sa carrière de danseur en 1937 à l'Opéra.

Il émigre ensuite aux Etats Unis. Nous cherchons des informations sur Michel Tavaroff, si vous en avez, faîtes le nous savoir.
Il vend en 1952, depuis la ferme a été exploitée par des agriculteurs.

Nous avons acheté cette ferme en 2007
et depuis nous sommes en travaux, réalisés de manière écologique et dans le respect du bâti ancien..
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